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Le Ruban blanc

 

 

LE RUBAN BLANC
de Michael Haneke

Film français, italien, autrichien, allemand en noir et blanc, 2009. (2h24)
Palme d'or - Festival de Cannes 2009

Présentation

Un village de l'Allemagne du Nord protestante. 1913-1914.
A la veille de la Première Guerre mondiale. L'histoire des enfants et adolescents d'une chorale dirigée par l'instituteur du village, leurs familles : le baron, le régisseur, le pasteur, le médecin, la sage-femme, les paysans. D'étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d'un rituel punitif. Qui se cache derrière tout cela ?

La critique [evene] par Mathieu Menossi
Mi-art, mi-science, le cinéma reste pour Michael Haneke le socle fantastique propice à ses expériences et ses projections mentales. Une fois de plus, c'est en anthropologue du septième art que le cinéaste autrichien nous revient avec 'Le Ruban blanc', un retour aux origines du mal dans ce qu'il a de plus ordinaire et d'insidieux. Celles du puritanisme le plus absolu, du désir frustré. Aux tenues immaculées et à la violence écarlate de Paul et Peter dans 'Funny Games', le réalisateur a substitué la neutralité d'un noir et blanc impartial et l'austérité d'une communauté aliénée à un protestantisme rigoureux. Comme d'habitude, Haneke se garde bien de fournir la moindre clé à son mystère. Il entretient le doute par les non-dits et une maîtrise incroyable du hors-champ. Au spectateur de se faire sa propre opinion sur la nature des méfaits et leurs responsables. Implacable et minutieux, Haneke dissèque ce microcosme villageois au rythme des saisons. Sa rigueur est brutale. Le cinéaste serre ses cadres au plus près des visages, ne laissant aucune chance à ses sujets. Il plonge dans cette société malade au bord de l'implosion, rongée par la malveillance, l'envie, la bêtise et la brutalité, les menaces et les vengeances perverses. Hantée par la peur de "s'égarer", elle s'évertue à marcher dans les pas de Dieu, sans comprendre que c'est de cette contrition et de ces souffrances ordinaires que naîtront les plus grandes monstruosités du siècle à venir. La sévérité de la mise en scène et la longueur du récit (près de 2h30) pourront malheureusement en dérouter plus d'un, mais 'Le Ruban blanc' confirme la très grande maîtrise de Michael Haneke à tous les niveaux de la réalisation, de l'écriture à la photographie, en passant par un casting époustouflant.
Une véritable leçon.


Tag(s) : #Ciné Rencontres