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Interview Michael Mann

par Laurène Guillaume le 06 juillet 2009 18h48

 

DSC_1169.JPGDe passage à Paris pour promouvoir son Public Enemies (qui sort mercredi 8 Juillet dans les salles obscures), le réalisateur américain Michael Mann et l’actrice française Marion Cotillard se sont prêtés au jeu des questions-réponses lors d’une conférence de presse. Entrez dans l’univers si atypique de John Dillinger. Première partie : Michael Mann.


Qu’est-ce qui vous fascine tant chez les gangsters ?

Ce qui me fascine au-delà de John Dillinger c’est le genre lui-même. C’est très étrange quand on y pense car il a eu finalement non pas une vie, mais trois vies en l’espace de treize mois. C’est cette intensité brûlante qu’il a mis a vivre sa vie qui ma fasciné. Un jour il braquait une banque, le lendemain il était ailleurs, après il allait en prison, ensuite il s’échappait. C’était incroyable tous ces exploits successifs. Ce qui m’a aussi séduit c’était sa pensée. Il n’était ni dans le futur, ni dans la conséquence, ni dans les lendemains, ni à se dire avec 5.000 dollars je pourrais aller au Brésil, au contraire tout était dans l’intensité, l’immédiateté, le présent c’est tout. Il n’avait pas de base existentielle à son existence.
C’est aussi l’époque d’Hemingway et de son roman « Mort dans l’après-midi ». On est sans arrêt dans l’homme face à une mort peut-être immédiate donc on est dans la journée, le moment précis. Ce qui vraiment m’intéressait, c’était ce que Dillinger pensait vraiment, ce qu’il ressentait vraiment.

 

Est-ce que vous avez l’impression que John Dillinger est le père de tous les gangsters modernes?

Au contraire, c’est tout à fait l’opposé. C’est presque le dernier des bandits d’une autre époque. Il a encore cette mentalité, sociologiquement parlant, du 19ème siècle. C’est un bandit, à la 19ème siècle, parce que finalement, l’ère moderne commence un petit peu dans les années 20. Une période où il y a du prgrès, les voitures…Donc il a plus avoir avec le passé. Et d’ailleurs, on le voit bien que les bandits ‘intelligents’ (n’oubliez pas que la prohibition s’arrête en décembre 33) et bien ce sont les Franck Mitti, ce sont eux qui introduisent la sophistication, le jeu, les services, la distribution plus tard, les magazines, la presse. Donc au contraire, c’est l’époque où le crime bascule dans ce que j’appellerai presque du capitalisme corporatisme. Donc il est presque un anachronisme, il est finalement de l’époque de La Horde Sauvage de Sam Peckinpah.

 

Est-ce que la crise ne crée pas finalement Dillinger, ce qu’il est ? Et en même temps est ce qu’elle ne crée pas également sa popularité ?

Il ne faut pas oublier qu’il était très sophistiqué dans l’art de manipuler son image et les médias. Je crois que si il était aussi célébré c’est parce qu’il faisait ce que finalement les Américains même touché par la crise auraient rêver de faire c’est-à-dire s’attaquer aux banques. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans la quatrième année de la grande dépression. A l’époque c’était 25% de chômage en Amérique. Rien qu’à Chicago, en 1934, sur 160 banques, 144 avaient déposées le bilan. C’est énorme ! Les économies de toute une vie disparaissaient et littéralement des gens se retrouvaient avec, dans leurs poches, de la monnaie pour survivre à deux jours et puis c’est tout. Evidemment les banques étaient à cette époque-là critiquées, il s’avérait que le gouvernement était incapable d’endiguer ça du coup, Dillinger s’attaquait à ces établissements. Et lorsque les autorités n’arrivaient pas à attraper Dillinger, et bien évidemment elles étaient ridiculisées sur la radio nationale. Voilà pourquoi il était aussi célèbre et voilà pourquoi aussi les grands acteurs d’Hollywood faisaient les rôles de gangsters.

 

Retrouvez l'interview de Marion Cotillard demain en ligne mais également un entretien de Michael Mann avec l’un de nos journalistes dans le numéro 6 de StudioCineLive.

 


Tag(s) : #Ciné Rencontres